Sainte Chapelle du château des ducs de Savoie
Description
Construite au XVe siècle sous le règne d'Amédée VIII, premier duc de Savoie, c'est un bel édifice de style gothique flamboyant.
De 1502 à 1578, la Chapelle du Château a abrité le Saint Suaire, aujourd'hui à Turin, d'où son nom de "Sainte-Chapelle".
Sur la place du Château, le chevet de l'édifice est particulièrement élancé. Le clocher, ou Tour Yolande, abrite le grand carillon de Chambéry composé de 70 cloches. A l'intérieur de la chapelle, on admire des vitraux du XVIe siècle et des peintures en trompe-l’œil dans le style du "gothique troubadour ". La Sainte-Chapelle a été construite de 1408 à 1430 par le maître d'œuvre Nicolet Robert, sous l'impulsion d'Amédée VIII. Sur la place du château, le chevet s’intègre au système défensif. La hauteur et l’étroitesse des cinq baies donne un élan à l’ensemble. Les contreforts, soutenant les arcs-boutants, sont percés d’un chemin de ronde. La chapelle est flanquée d’un clocher, construit en 1470 par Blaise Neyrand de Saint-Pourçain en Bourbonnais, grâce à Yolande de France. Dans la cour d’honneur du château, la façade baroque, dessinée par Amedeo di Castellamonte, célèbre architecte de Turin, s’explique par le programme de restauration de l’édifice, lancé par la duchesse de Savoie, Christine de France, entre 1655 et 1663. Les voûtes de l’édifice seront refaites à cette occasion. L’intérieur frappe par son élévation (22m). Les décors sculptés de Jean Prindale et de son atelier ont disparu dans l’incendie de 1532. Après l’incendie, les verrières réalisées quelques années auparavant, entre 1521 à 1527, par les peintres-verriers Blaise de Lyon, Jean Baudichon et Jean de l'Arpe, sont réparées et certaines parties refaites par un peintre chambérien, Gaspard Masery, entre 1541 et 1548. L’ensemble reproduit neuf scènes de la Passion du Christ. Dans la verrière centrale, le vitrail représentant les saintes Femmes au tombeau est une composition qui rappelle la présence du Suaire de Turin dans la chapelle au XVIe siècle. Les voûtes sont ornées d’étonnantes peintures en trompe-l’œil. En 1836, le roi Charles-Albert avait lancé un programme de restauration et fait peindre la chapelle en trompe-l’œil selon la mode du temps. Le piémontais Casimir Vicario, qui avait travaillé deux ans auparavant à la cathédrale de Chambéry, en est l’auteur. La restauration de 1959 a fait disparaître une grande partie de ce décor. En 2012, un nouveau chantier a redonné de l’éclat aux peintures subsistantes. Le Suaire de Turin En 1453, le duc Louis et son épouse Anne de Lusignan font l’acquisition d'une relique importante aux yeux de la Chrétienté. Sur un drap blanc, mesurant environ 4m30 de long et 1m10 de large, l’image d’un homme ayant subi le supplice de la crucifixion apparaît sous forme d’une ombre de couleur sépia. Pour certains, il s’agit d’un linceul qui aurait servi à envelopper le corps du Christ, lors de sa mise au tombeau. Son arrivée en Europe reste mystérieuse car son histoire n’est réellement connue qu’à partir du XIIIe siècle. A cette époque le suaire est détenu par la famille de Charny, à Lirey, près de Troyes, et fait déjà l’objet d’ostensions publiques. En 1453, Marguerite de Charny, sans héritier, décide de le vendre aux ducs de Savoie, famille catholique, puissante et riche. La chapelle ducale prend officiellement le titre de Sainte-Chapelle du Saint-Suaire, le 11 juin 1502, au moment de l’installation officielle de la relique. De grandes ostensions publiques attirent des foules considérables. Le suaire échappe de justesse au terrible incendie de la chapelle en 1532. Des traces de brûlures sont nettement visibles. Après l’installation de la Cour à Turin le Duc Emmanuel-Philibert fait déplacer le suaire. Propriété personnelle de la Maison de Savoie, la relique ne quittera plus Turin, malgré les suppliques des chambériens et des chanoines de la Sainte-Chapelle. A Turin, une chapelle baroque est construite par Guarino Guarini, contre le Palais Royal, afin de l’abriter. Le suaire y est toujours conservé, mais depuis 1983, date de la mort du dernier roi d’Italie, Umberto II, il est devenu par testament propriété de l’Église. En 1988, une datation au carbone 14 est effectuée. La date de l’étoffe se situerait entre 1260 et 1390, ce qui rendrait impossible le fait que ce drap ait pu servir à envelopper le corps du Christ. Néanmoins, cette datation ne fait pas l’unanimité, laissant à la relique une part de mystère. Deux copies, offertes par l'archevêque de Turin, sont visibles dans la Sainte-Chapelle et la cathédrale.